,

Masculinité toxique à l’école : quand nos enfants en paient le prix

Reading Time: 13 minutes

Dans la cour de récréation, il y a ceux qui crient plus fort… et ceux qu’on fait taire. Mon fils, en CM2, s’est fait agresser parce qu’il avait un avis différent. Ma fille, en 4e, rêve de jouer au basket avec les autres mais les garçons monopolisent le terrain et refusent de faire la passe aux filles. Ces histoires ne sont pas des anecdotes : elles traduisent un malaise plus profond.

Celui d’une masculinité toxique qui s’installe dès le plus jeune âge. Une violence banalisée, des comportements sexualisés précoces, des insultes machistes, et une absence criante d’éducation aux relations saines.

Et si on arrêtait de détourner les yeux ?
Dans cet article, je vous parle de ce que vivent nos enfants à l’école. Je vous parle de ce que l’on tolère trop souvent sous prétexte que “c’est l’âge”, “c’est normal chez les garçons”. Je vous parle aussi de pistes concrètes pour agir, éduquer autrement, et redonner leur juste place aux filles comme aux garçons.

Une violence banalisée dès le plus jeune âge

Ce que vous allez découvrir show

Mon fils agressé pour avoir donné son avis

Donner son opinion, exprimer un désaccord : cela devrait être naturel à l’école. Pourtant, mon fils a été violemment agressé pour avoir simplement exprimé une idée différente. Pas insulté. Pas ignoré. Frappé. Et ce n’était pas la première fois.

Depuis la maternelle, il dérange. Il est mignon, il s’exprime bien, il est sûr de lui. Et c’est comme si, dès son plus jeune âge, certains avaient voulu le casser. Pourquoi ? Parce qu’il ne correspond pas au modèle dominant du garçon taiseux, dur, indifférent. Il parle. Il aime apprendre. Il est sensible. Et cela semble en gêner plus d’un.

Garçon triste en uniforme scolaire tenant un ballon de foot, avec l’ombre menaçante d’un autre élève derrière lui, symbolisant les violences scolaires et la masculinité toxique.

La violence comme réflexe : un manque d’outils émotionnels

Beaucoup de garçons, dès l’enfance, sont encouragés à réprimer leurs émotions. On leur apprend à frapper plutôt qu’à formuler, à dominer plutôt qu’à écouter. Ce n’est pas inné. C’est le fruit d’une culture du silence émotionnel, d’un rejet de la vulnérabilité. Faute d’éducation à l’empathie et aux mots, les conflits deviennent physiques.

Le pouvoir par l’exclusion : les cours de récré dominées par les garçons

Dans de nombreuses écoles, les garçons occupent la majorité de l’espace : terrains de foot, de basket, milieu de la cour. Les filles sont reléguées en périphérie. Elles apprennent dès l’enfance à se faire petites. À ne pas déranger. À céder la place.

Mais ce qui me trouble aussi, c’est que cette violence n’est pas seulement masculine.

Quand certaines mères méprisent les filles

Ce que je vais écrire ici, je ne l’invente pas. Je l’ai entendu. Dans la bouche de femmes. De mères.

« Les filles ? J’en voulais pas. »
« Les filles, c’est des pisseuses. »
« Les filles, c’est des problèmes : elles tombent enceintes. »
« Les filles, c’est trop sensibles, trop fragiles. »
« Les filles, ça pleurniche pour un rien. »
« Les filles, ça coûte trop cher. »

Et le pire ? C’est que ce discours sort souvent de la bouche de mères dont les fils leur parlent comme à des domestiques. Des garçons qui ne font pas la vaisselle, qui n’aident jamais, qui répondent avec arrogance, voire mépris. Et ces mêmes mères disent parfois, en souriant :

« Il est comme ça, c’est un garçon. »

Comme si c’était une excuse. Une fatalité.

Mère valorisant son fils au détriment de sa fille – une scène de masculinité toxique précoce

Mais quel projet éducatif se cache derrière ?
Élever des garçons qui se croient au-dessus de tout ? Et rejeter les filles, comme si elles étaient par essence source de problèmes ?

Ce mépris, c’est de la violence intériorisée. C’est le sexisme qui a changé de costume et qui se faufile jusque dans les familles, dans les berceaux.

Et si on osait poser la question :
👉🏽 Pourquoi certaines femmes préfèrent-elles les garçons au point de dénigrer les filles ?
👉🏽 Que cherchent-elles à réparer, ou à préserver ?

Ce que je sais, c’est que quand on méprise les filles, on ne protège pas les garçons. On les enferme aussi. Dans une toute-puissance, une absence de limites, une solitude affective immense.

Et ce n’est bon pour personne.

Hypersexualisation, porno et silence éducatif

Des comportements inacceptables, mais banalisés

Dans certains établissements, des garçons vont jusqu’à se masturber en classe. Oui, en classe. Les adultes sont souvent au courant, mais minimisent ou ignorent. Pourquoi ce silence ? Par peur, par inconfort, par manque d’outils ? Ce laisser-faire envoie un message glaçant : « C’est comme ça, on n’y peut rien. » Mais on peut (et doit) y faire quelque chose.

Être appelée par des noms de stars du X : harcèlement ordinaire

Des collégiennes témoignent : elles sont appelées par des noms d’actrices X. Ces surnoms, ces « blagues », ces regards… ce sont des micro-agressions sexuelles qui construisent un climat oppressant, et souvent traumatisant. Ce n’est ni de l’humour, ni une dérive isolée. C’est une forme de harcèlement sexuel normalisé par le silence.

Définir l’hypersexualisation : de quoi parle-t-on exactement ?

L’hypersexualisation, c’est quand on réduit une personne (souvent une fille) à son corps, à son apparence, à sa capacité à séduire ou à exciter. Cela peut venir des médias, des réseaux sociaux, des pubs… ou de ce que les ados consomment sans filtre sur internet.

Et ça commence très tôt.

Garçon en détresse face à un écran – exposition
des mineurs aux contenus
pornographiques sur internet

Quelques chiffres marquants :

  • 1 enfant sur 10 a vu de la pornographie avant 10 ans【Observatoire de la Parentalité et de l’Éducation Numérique – 2023】.
  • En moyenne, les garçons sont exposés à leur première vidéo porno à 11 ans (même si l’âge moyen légal d’accès est de 18 ans).
  • Selon l’ARCOM (2023), 75 % des 12-17 ans ont déjà été exposés à des contenus à caractère sexuel, souvent sans l’avoir cherché.

Quand le porno devient l’unique “éducation sexuelle”

Sans accompagnement, le porno devient la seule référence. Or, ces vidéos ne montrent ni la tendresse, ni le respect, ni le consentement. Juste des corps soumis, violents, performants. Comme un film de super-héros, le porno est de la fiction : les femmes qu’on y voit ne rêvent pas de vivre ça dans la vraie vie.

Ouvrir le dialogue, même si c’est inconfortable

Parler de sexualité avec ses enfants est difficile pour beaucoup de parents. Pourtant, ce silence les laisse seuls face à un univers qui les formate à grande vitesse.

✅ Quelques clés pour parler porno et sexualité :

  • Utiliser des images simples : « Tu sais, c’est comme les Avengers. C’est spectaculaire, mais ce n’est pas la vraie vie. »
  • Déconstruire les clichés : « Une fille ne dit pas toujours oui. Et elle a le droit de changer d’avis. »
  • Introduire la notion de consentement : « Avant d’embrasser, de toucher, on demande. Même si c’est maladroit, on montre qu’on respecte l’autre. »
  • Valoriser l’écoute et l’échange : « Il n’y a pas de honte à poser des questions. C’est en parlant qu’on apprend. »

Les incels en germe : quand le mépris devient système

Qu’est-ce qu’un incel ?

Le terme “incel” vient de l’anglais involuntary celibate (célibataire involontaire). À l’origine, il désignait des personnes, hommes ou femmes, vivant une solitude affective et sexuelle qu’elles ne parvenaient pas à briser malgré leur désir de relation.

Mais depuis les années 2010, le terme a été récupéré par des communautés masculines toxiques sur Internet, où certains hommes expriment leur rancœur, leur haine des femmes et leur rejet du féminisme. Dans ces groupes, la frustration devient un moteur de violence, parfois en ligne, parfois dans la vraie vie.

Comment ce mouvement a-t-il vu le jour ?

Ce phénomène s’est développé sur des forums et réseaux sociaux peu modérés, où se regroupent des jeunes hommes qui partagent un même discours : “si je suis seul, c’est parce que les femmes me rejettent injustement.” Très vite, ce discours glisse vers :

  • La déresponsabilisation : ils ne remettent jamais en question leur comportement.
  • La violence verbale : les femmes sont rabaissées, accusées, parfois menacées.
  • La radicalisation : certains idéalisent des actes violents ou s’en prennent à d’autres hommes considérés comme “plus beaux” ou “plus chanceux”.

On parle alors de misogynie structurée, où le refus d’une femme devient une attaque insupportable pour certains garçons, élevés dans l’idée que l’amour (et le corps des femmes) leur est dû.

L’incapacité à vivre le refus ou le désaccord

Chez les plus jeunes, cela commence parfois par un simple “non” mal vécu. Un désaccord, une rupture, un râteau… qui deviennent insupportables. Le garçon ne comprend pas, ne digère pas. Il se sent humilié, blessé, et parfois… il se venge, par la moquerie, l’intimidation, voire la violence.

C’est là qu’un manque d’éducation affective et émotionnelle devient un terreau fertile.

De la frustration à la haine : la fabrique du ressentiment masculin

Quand on apprend à un garçon qu’il ne doit pas pleurer, qu’il doit être fort, dominant, et que ses émotions ne sont jamais prises en compte, il finit par exploser. Mais au lieu de reconnaître sa souffrance, il la retourne contre les autres.

Dans les cas extrêmes, cette colère se nourrit de contenus en ligne, de discours extrémistes et de l’effet de groupe. On se monte la tête. On crée une vision du monde binaire : les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. Et les émotions, elles, sont reléguées au silence.

Le lien entre manque d’éducation affective et comportements à risque

Ce n’est pas l’Internet le problème. C’est l’absence de repères positifs :

  • Peu de garçons sont formés à écouter leurs émotions.
  • L’école n’aborde que très peu les relations affectives saines.
  • Les parents eux-mêmes ont parfois du mal à parler d’amour, de rejet, de vulnérabilité.

Résultat : des ados cherchent des réponses ailleurs, dans des vidéos TikTok simplistes ou des forums où l’on glorifie la domination et le mépris.

Comment réagir ?

  • Identifier les signes : propos misogynes répétés, rejet des filles, dévalorisation constante, colère sourde.
  • Ouvrir la discussion sans jugement : “Tu ressens ça parce que… ?”, “Tu penses qu’elle te doit quoi, exactement ?”.
  • Offrir d’autres modèles : valoriser les garçons sensibles, bienveillants, qui respectent les autres sans se mettre en scène.
  • Encadrer les contenus : parler des influenceurs ou vidéastes qu’ils suivent. Leur montrer d’autres voix, plus saines.
  • Faire appel à un professionnel si besoin : psychologue, éducateur, médiateur scolaire.

👉🏽 Un garçon ne devient pas incel par hasard. C’est souvent une accumulation de blessures, de solitude et de non-dits. C’est à nous, adultes, de tendre la main avant que d’autres ne le fassent… pour de mauvaises raisons.

Jeune garçon regardant tristement un bodybuilder sur son écran d’ordinateur. masculinité toxique, injonctions viriles, estime de soi, adolescence, réseaux sociaux, comparaison, image du corps, stéréotypes masculins, virilité, développement personnel.

Travailler l’estime de soi : une prévention essentielle

Derrière la haine, il y a souvent une grande insécurité. Ces garçons qui rejettent, qui insultent ou qui se vengent ne sont, au fond, pas en paix avec eux-mêmes. C’est pourquoi il est fondamental d’aider les jeunes à construire une estime d’eux-mêmes solide et apaisée, fondée non sur la performance ou le pouvoir, mais sur la connaissance de soi et la confiance intérieure.

Des pistes concrètes pour renforcer l’estime et canaliser les émotions :

  • L’art oratoire : apprendre à s’exprimer, à défendre ses idées sans agressivité, à poser sa voix et ses émotions dans un cadre bienveillant.
  • Le théâtre : une fabuleuse école de l’altérité et de l’expression de soi, pour sortir de son rôle social, explorer l’empathie et le lâcher-prise.
  • Le bénévolat : offrir de son temps, de son énergie, à plus fragile que soi… C’est l’antidote à l’égocentrisme. Cela développe l’humilité et le sens du collectif.
  • Les sports de combat encadrés : loin de l’agressivité, ils enseignent la maîtrise de soi, le respect, la discipline et la canalisation de la colère. On y apprend que la force n’est rien sans honneur.
  • La sophrologie et la méditation : développer la conscience de son corps, calmer l’agitation mentale, retrouver un sentiment de sécurité intérieure.

En les aidant à se connaître, à reconnaître leurs émotions et à trouver leur place autrement que par la domination ou la fuite, on leur donne les clés d’une vie plus douce — pour eux, et pour les autres.

Adolescence : une série miroir pour ouvrir le dialogue

Disponible sur Netflix, la série Adolescence (réalisée par Sébastien Drouet) est un docu-fiction percutant qui suit le quotidien de collégiens et lycéens. Mélangeant témoignages réels et séquences de fiction, elle aborde frontalement des sujets brûlants : harcèlement scolaire, sexisme, pression sociale, apparence, rumeurs, exclusion, violences psychologiques et physiques.

Chaque épisode offre une plongée dans l’univers émotionnel complexe des jeunes d’aujourd’hui, entre réseaux sociaux, quête d’identité et besoin d’appartenance. On y découvre des ados en construction, parfois perdus, souvent en souffrance, mais toujours profondément humains.

👉🏽 L’Éducation nationale a choisi d’utiliser certains extraits de cette série dans les établissements scolaires, en tant qu’outil de prévention du harcèlement. Ces séquences servent de base pour lancer des débats, créer des ateliers d’expression, et aider les élèves à mettre des mots sur ce qu’ils vivent ou observent.

📺 Comment regarder Adolescence avec son enfant ou ado ?

Regarder la série ensemble peut être une occasion puissante d’ouvrir la discussion. Voici quelques pistes :

  • Créer un espace sécurisé : proposer sans forcer, regarder avec bienveillance, sans juger les réactions de son enfant.
  • Laisser la parole libre après chaque épisode : “Qu’est-ce que tu en penses ?”, “Tu as déjà vu ou vécu quelque chose de ce genre ?”.
  • Accompagner sans moraliser : il ne s’agit pas de faire la leçon, mais de déconstruire ensemble, à leur rythme.
  • Partager ses propres souvenirs d’ado pour montrer que la honte, l’exclusion, le besoin d’être aimé… ne sont pas nouveaux.
  • Poser des bases : le respect, l’écoute, le consentement, l’importance de demander de l’aide.

Cette série est une véritable porte d’entrée pour reconnaître ce qui fait mal, mais aussi imaginer des alternatives plus saines. Un outil précieux quand on ne sait plus trop comment parler à son enfant.

Premiers amours, premieres violences : la leçon amère de la série Euphoria

Dans la série Euphoria, les relations amoureuses adolescentes ne sont pas idéalisées. Elles sont souvent toxiques, violentes, marquées par la domination, la manipulation et une sexualité déconnectée de toute tendresse. Nate, personnage masculin central, incarne cette masculinité brutale et blessée, qui oscille entre contrôle, rage et incapacité à aimer sainement.

Ce que Euphoria montre avec une crudité saisissante, c’est à quel point l’absence d’éducation affective, de repères sains et de parole autour du consentement et du respect transforme l’intimité en zone de danger.

Chez les adolescents un peu plus âgés, ces dynamiques peuvent s’ancrer rapidement, dans une confusion totale entre amour, pouvoir et pulsions. Des jeunes filles se retrouvent piégées dans des relations violentes où elles pensent devoir “supporter”, “guérir” ou “sauver” leur partenaire.

La série, aussi dure soit-elle, met en lumière une réalité que beaucoup de jeunes vivent sans jamais oser en parler.

🔞 Disclaimer : la série Euphoria est classée 16+ en raison de ses scènes explicites, de sa violence psychologique et de sa représentation crue de certaines addictions. Elle ne convient pas aux jeunes publics. Si vous choisissez de la regarder avec un adolescent, veillez à accompagner le visionnage, à discuter des scènes sensibles, et à mettre en contexte les comportements représentés. Ce n’est pas un modèle, mais un déclencheur de dialogue.

Mon conseil aux parents ? Regardez-la d’abord AVANT votre ado. Èvère plongée dans la réalité crue des relations adolescentes, cette série révèle des dynamiques toxiques, notamment autour de la sexualité, de la possession, de la manipulation et des violences conjugales précoces.

Mais ce n’est pas un simple divertissement. Euphoria est un outil d’alerte : elle montre ce que NOS ados peuvent vivre, parfois bien plus tôt qu’on ne le croit.

Faire du visionnage un moment d’éducation

✅ Voici trois clés douces pour aborder Euphoria en famille :

  1. Visionnez d’abord en tant que parent : repérez les scènes sensibles, les mises en garde à partager, sans effrayer.
  2. Proposez le visionnage ensemble : dans un climat sécurisé (canapé, thé, écoute active), sans jugement.
  3. Vous pouvez avancer pendant les moments trop explicites!
  4. Débriefez avec bienveillance : demandez à votre ado ce qu’il ou elle a ressenti, comment il ou elle perçoit ces comportements, et placez le dialogue avant tout.

Et pourquoi c’est si nécessaire d’aborder ces sujets tôt ?

  • Drogue dans les lycées : en 2022, 16,2 % des élèves de Seconde et 31,2 % des Terminales ont déjà expérimenté le cannabis ; 34,5 % des lycéens ont vécu un épisode d’alcoolisation ponctuelle importante l’année précédente sources.
  • Violence adolescente dans le couple : l’OMS estime que 16 % des adolescentes en relation ont subi des violences physiques ou sexuelles au cours de l’année écoulée sources.
  • Violences intrafamiliales : près d’un quart des Français estime avoir été victime de maltraitance grave dans l’enfance sources.

Ces chiffres montrent que la réalité dépasse la fiction. L’exposition précoce à des comportements violents ou dangereux influence l’imaginaire des ados.

Outils bienveillants pour accompagner

ObjectifConseils concrets
Éducation affectiveUtiliser des ateliers, jeux coopératifs ou sophrologie pour développer l’expression des émotions dès le primaire
Dialogue sur les relationsÀ chaque visionnage, poser des questions ouvertes : “Qu’as-tu pensé de cette dispute ?”, “Serais-tu à l’aise dans cette situation ?”
Prévention de la violence conjugaleApprendre à repérer le consentement, la manipulation, les signes de violence émotionnelle (jalousie, isolement)
Communication sur le pornoExpliquer que la pornographie n’est pas la réalité : privilégier les conversations ouvertes plutôt que l’interdiction
Accompagnement numériqueUtiliser des outils comme Family Link, SafeSearch ; vérifier régulièrement l’usage de l’écran, sans flicage, mais avec présence

Regarder Euphoria comme parent, c’est anticiper. Discuter avec son ado, c’est prévenir. Éduquer au respect, au consentement, à l’écoute, c’est construire une autre masculinité : celle qui respecte et qui sait aimer.

Éduquer autrement : des solutions pour lutter contre la masculinité toxique

Apprendre à exprimer ses émotions dès la maternelle

Il n’est jamais trop tôt pour apprendre à nommer ses émotions. Colère, frustration, peur, joie… Tout cela s’apprend comme les chiffres et les lettres.

Clés concrètes :

  • Utiliser des livres comme La couleur des émotions d’Anna Llenas, adapté dès 3 ans.
  • Mettre en place un “coin émotions” à la maison ou en classe, avec des cartes, des peluches, un miroir.
  • Introduire des jeux coopératifs (ex : “Feelings”, “Emoticartes”) qui favorisent l’expression et l’écoute.

Ressources :

Repenser les espaces scolaires pour plus d’équité

Les cours de récréation ne doivent pas être des terrains de domination. Des aménagements inclusifs peuvent profondément changer la dynamique.

Clés concrètes :

  • Mettre en place des zones multi-usages : cercles de discussion, jeux libres, sports variés.
  • Organiser des discussions d’élèves sur l’aménagement des espaces.
  • Former les surveillant·es à repérer les micro-violences genrées.

Ressource :

Étude “Cours de récréation : filles et garçons à part égale ?” (réalisée par le CNRS et le collectif “Genre et espace public”).

Instaurer une vraie éducation affective, sexuelle et relationnelle

Il ne s’agit pas seulement de parler de reproduction, mais de désir, de consentement, de respect mutuel. Et cela ne doit pas être délégué uniquement à l’école.

Clés concrètes :

Ressources :

Sites : onsexprime.fr (Santé publique France), Le Planning Familial.

Programmes comme “Les petits citoyens”, “Sex&Co” pour les ados.

Encadrer les usages numériques (Family Link, dialogue, accompagnement)

Le numérique n’est ni bon ni mauvais. Il faut en faire un outil, pas une échappatoire.

Clés concrètes :

  • Installer des outils comme Family Link ou Qustodio pour accompagner, pas surveiller.
  • Définir des règles claires en famille (ex : “pas de portable dans la chambre”).
  • Visionner ensemble des vidéos YouTube et TikTok pour ouvrir la discussion.

Ressource :

L’association e-Enfance et son numéro Net Écoute : 3018

Guide de survie pour accros aux écrans de Serge Tisseron

Parler, écouter, agir : le rôle des parents et des enseignants

Ni tout déléguer à l’école, ni tout porter seul·e. Il est crucial de bâtir un écosystème éducatif cohérent entre adultes.

Clés concrètes :

  • Organiser des cercles de parole entre parents pour partager et se soutenir.
  • Prendre rendez-vous avec des professionnel·les : psychologues, thérapeutes familiaux, sophrologues.
  • Participer à des cafés parents ou ateliers d’éducation non-violente.

Ressources :

L’annuaire de la Fédération Française de Sophrologie pour consulter près de chez soi.

Les plateformes MonPsy ou Psychologies.com pour trouver un accompagnement accessible.

Déconstruire pour mieux reconstruire

La masculinité toxique n’est pas une fatalité. C’est une construction sociale, transmise parfois malgré nous, mais que nous avons le pouvoir de déconstruire — ensemble.

Ce que vivent nos enfants à l’école, dans la cour de récré, dans les non-dits familiaux ou les violences banalisées, n’a rien d’inévitable. Ce n’est pas « dans leur nature », ce n’est pas « l’âge bête ». C’est un système que nous pouvons désapprendre.

Nous avons le devoir — et le pouvoir — de faire émerger une génération d’adolescent·es libres, responsables, respectueux·ses. Une génération qui saura pleurer sans honte, dire non sans violence, aimer sans dominer.

Ce n’est pas une utopie. C’est un travail. Un chemin parfois inconfortable, mais nécessaire. Et nous en sommes toutes et tous les co-créateur·ices. Parents, enseignants, adultes de passage ou figures fondatrices : chaque mot, chaque regard, chaque geste compte.

🌍 Offrons à nos enfants un monde où la tendresse n’a rien de faible, où le respect n’est pas négociable, et où chacun·e peut exister pleinement, sans se construire contre l’autre.

Laisser un commentaire