Votre panier est actuellement vide !
Être une femme noire en France : racisme, fétichisation et misogynoir (retour sur l’atelier The Safe Page)

Ce samedi, j’ai eu l’honneur de passer un si agréable moment parmi mes pairs, au sein de The Safe Page.
Comme cela fait du bien de passer du temps avec des personnes qui, paradoxalement, sont des inconnus, mais avec qui tu partages autant : un vécu, une histoire commune, des sentiments, une énergie, une vision. Et surtout, l’envie de co-créer un nouveau chapitre à notre histoire — non pas un point de bascule, mais le point de non-retour, celui où le personnage ne peut plus revenir en arrière, car plus rien ne sera comme avant.
Et ce magnifique pivot dramatique est conduit par notre fabuleuse hôte, Oumou.
The Safe Page : plus qu’un book club engagé, un moment de création et de changements profonds
Oumou avait une passion : la lecture. Un rêve : pouvoir partager ses lectures, en discuter et susciter un éveil, une réflexion, un changement.
En parcourant son compte Instagram, je me suis reconnue dans sa description : l’amour de la lecture, les merveilleux moments que l’on a pu passer dans notre lieu préféré — la médiathèque.
La frustration aussi, de ne pouvoir emprunter qu’un certain nombre de documents (aujourd’hui, la majorité des médiathèques permettent des emprunts illimités — cela vous fera office de séance de musculation, croyez-moi !).
Je pense honnêtement que, quand on est enfant et qu’on doit suivre les règles de ses parents, de l’école, des éducateurs sportifs ou des profs d’activités artistiques, lire, c’est notre meilleur moyen de s’évader.
D’être libre d’aller où l’on veut, de vivre une grande aventure ou, tout simplement, de comprendre, de s’instruire, de trouver des idées. C’est également un biais pour mieux se connaître, savoir ce que l’on veut faire de sa vie.
C’est en lisant Une si longue lettre de Mariama Bâ qu’Oumou a découvert un monde d’auteurs et d’autrices à qui elle pouvait s’identifier, avec des idées, des situations, une palette d’émotions qui lui parlaient comme jamais d’autres livres ne lui avaient parlé.
The Safe Page, c’est ce lieu, cette parenthèse enchantée où elle nous transmet son désir de partage cathartique et bienveillant pour notre communauté.

Discussions engagées et prises de conscience
Je me suis donc retrouvée entourée d’une dizaine de femmes inspirantes, latte pistache (délicieux — merci au Let’s Café) en main, à échanger sur les personnages de fiction qui nous ont marquées.
Et là, je me suis dit que j’aurais dû prendre un petit carnet pour noter les inspirations de chacune. Quatre jours après, difficile de s’en souvenir, alors je vous partage le mien.
Fin septembre, j’ai lu Concrete Rose d’Angie Thomas.
Le synopsis : Maverick, un ado vivant dans la hood, se retrouve papa solo, et ce malgré les recommandations de sa mère en matière de protection.
Son cousin, qui a succédé au père de Maverick à la tête du gang auquel il appartient, lui interdit désormais de dealer.
Il va devoir assumer son rôle de père, trouver un job et dire la vérité à Lisa, sa petite amie, qui vit dans les beaux quartiers et dont la famille le déteste déjà.
Je me suis identifiée à ce personnage, car d’une part, l’action se déroule en 1998 — j’avais donc 15 ans.
Quand Maverick parle de la mort de Tupac et du vide qu’il a laissé, cela me parle, car la perte de cet artiste a marqué une génération.
De plus, le livre traite de parentalité adolescente, un sujet dont on ne parle pas assez, malgré le nombre élevé de grossesses adolescentes dans les départements ultramarins.
Plus particulièrement du rôle du père dans ces grossesses, qui, le plus souvent, ne prennent pas leurs responsabilités.
Dans le livre, la mère de Maverick lui impose de prendre soin de son enfant et de comprendre la détresse d’Iesha, la mère de l’enfant, qui, elle, n’a pas le même soutien de la part de sa propre mère et qui lui laissera le bébé sans donner de nouvelles.
C’est intéressant de lire les différentes émotions qui parcourent Maverick, entre son désir d’être le père qu’il n’a pas eu et le deuil de son adolescence.
Je vous conseille infiniment de lire ce livre merveilleusement bien écrit , il y a tellement d’autres bouleversements dans cette histoire de résilience.
La thématique : Être une femme noire en France
Finalement, nous nous sommes aperçues que notre statut a peu évolué, voire s’est dégradé, car, contrairement à nos mères, nous vivons des attaques frontales et publiques des hommes de notre communauté.

La misogynie noire
Combien c’est absurde que certains hommes de notre communauté s’évertuent à exprimer publiquement un violent mépris pour nous.
Avant, c’étaient des critiques acerbes mais privées, sur nos choix de coiffure :
- naturelles : nous n’étions pas assez soignées (oui, le cheveu crépu frisotte, c’est son essence !) ;
- défrisées : nous rejetions qui nous étions ;
- perruques ou rajouts : nous devions supporter les railleries sur nos faux cheveux.
Aujourd’hui, en plus des artistes qui ont entretenu une image dégradante et hypersexualisée de la femme noire, s’ajoutent ces jeunes hommes qui crient leur dégoût alors que personne ne leur avait rien demandé.
De la haine gratuite. Pourquoi ?
Je ne sais pas s’ils ont conscience ou non du mal qu’ils font — et particulièrement à leurs mères.
Le choix de l’homme noir d’ignorer la souffrance de sa mère
On a beaucoup débattu sur pourquoi les hommes noirs ignoraient nos besoins, leur manque d’implication, d’intelligence émotionnelle et leur égoïsme insultant.
On a parlé de leurs propres souffrances, des injustices auxquelles ils font face depuis l’école primaire, où, automatiquement, les enseignants les cataloguent et ne leur font aucun cadeau.
Des contrôles d’identité ridicules et violents des mal nommés “gardiens de la paix”.
De l’absence d’exemples d’amour, de gestes tendres de nos parents, quand le père n’avait pas fui lâchement son foyer.
Mais rappelons-nous qu’ils savent être doux, conciliants, quand il s’agit de leurs mères.
Pourtant, en perpétuant ce manque d’investissement, en restant éternellement égoïstes, ne crachent-ils pas leur mépris à cette femme dont ils ont été les premiers témoins de la détresse ?
Ne comprennent-ils pas qu’à force d’être force et courage, on en devient amères ?
Au lieu d’essayer d’être empathiques, ils préfèrent nous jeter l’entière responsabilité, en se cachant derrière le mythe de l’Angry Black Woman.

Le mythe de l’Angry Black Woman
Ces jeunes hommes nous reprochent d’être trop autoritaires, trop énervées, et ajoutent du grain à moudre à ce mythe de la Black Angry Woman.
Dans la réalité, au milieu d’une assemblée, d’un meeting professionnel ou d’un conseil d’administration scolaire, contrairement aux autres, je ferai toujours attention à défendre mon point de vue avec moins de véhémence que d’autres. Pourquoi ? Pour ne pas le discréditer, car à cause de ces mythes bien racistes et sexistes, la femme noire serait une banshee qui ne sait contrôler ses émotions.
D’ailleurs, des émotions, selon la légende, nous n’en avons que deux : la colère et la tristesse.
Par contre, on parle moins du fait que nous travaillons plus pour gagner moins.
Toujours devoir prouver que nous avons notre place
Combien de fois me suis-je aperçue qu’à compétences égales, j’avais plus de travail, mais un salaire plus bas.
Combien de fois s’est-on mépris sur ma fonction ? Visiblement, je n’avais pas la tête de l’emploi, ou les biais racistes créaient une connexion neuronale d’abaissement.
Depuis la maternelle, on nous interpelle sur nos différences, et c’est fatiguant d’avoir à rééduquer.
Vous ne comprenez pas ? Regardez la saison 1 de Dear White People sur Netflix.
D’ailleurs, en parlant de cette série, vous avez vu comment la fachosphère se déchaîne pour la couler ?
Et demain ?
Nous étions bien.
Une discussion respectueuse, des critiques constructives, un espace bienveillant où nous avions pu donner forme à nos ressentis.
Mais devais-ce rester juste une parenthèse, ou l’émergence d’une petite graine ?

Le droit d’exister
Nous avions chacune notre singularité, notre voix, des idées, des rêves auxquels nous devions donner une chance d’être réalisés.
Ce moment était également une invitation à être, à oser, à prendre de la place.
Comment ? Déjà, en partageant dans ce cercle de femmes nos envies.
Ensuite, en les réalisant — pour ma part, dans ce blog — en y invitant d’autres voix.
En ma qualité de consultante en marketing digital, je les ai invitées, et je vous invite également à vous rendre plus visibles en ligne.
Histoire que les IA fassent également évoluer leurs biais racistes.
Si vous ne savez pas par quoi commencer, contactez-moi.
Nous savons nous entraider, pourtant nous avons besoin de faire évoluer cette entraide, de créer un véritable réseau.
Prendre notre place en entreprenant, tout comme nous savons être pleines de ressources dans nos vies.
Monétisons nos dons naturels.
The Safe Page, notre safe place
Pour finir, je ne peux que vous inviter à venir découvrir par vous-mêmes cette parenthèse enchantée : vous en sortirez revigorées, souriantes et emplies de bonnes vibes.
En attendant de vous croiser autour de la table d’Oumou, un latte vanille à la main (diversifions les plaisirs), je vous invite à me laisser un commentaire. N’hésitez pas, je ne mords pas.
Ou à lire mon article pour vous convaincre de vous inscrire à une médiathèque.
Ou besoin d’un coup de booste pour rebondir? Découvrez mon article sur “comment se dépasser à l’école ou dans la vie?”

Amoureuse des instants simples, Valérie partage une autre manière de vivre : plus douce, plus consciente, plus libre.À travers son blog Une pause pour moi et son podcast Une pause pour exister, elle t’invite à ralentir, à respirer, et à retrouver l’essentiel au fil de ton propre rythme.Son mantra : « Prendre le temps, c’est prendre soin de soi.
4 réponses à “Être une femme noire en France : racisme, fétichisation et misogynoir (retour sur l’atelier The Safe Page)”
-
Un grand merci, Valérie pour ce partage. Je ne connaissais pas le Safe Page et je découvre certaines thématiques et sujets que vous avez évoqués, ainsi que les livres (cela en fait, des découvertes). Ce sont des questions importantes et, tu as raison, il est temps que nous prenions chacune notre place sur le web pour tordre les biais.
-

Oh que oui: Soyons visibles! Je ferais bientôt un article avec des propositions de lecture.
-
-
Merci Valérie pour ce bel article ! Merci pour ces mots, qui me donne encore plus envie de continuer de faire vivre cet espace ! En espérant te revoir sur une prochaine édition 🤍
-

Oumou tu es une si belle personne! Je reviendrai avec un immense plaisir 💗
-

Laisser un commentaire